Nommer les choses peut les enfermer. La faculté propre des mots est de cerner tel sujet ou tel objet, de ne lui laisser aucune échappatoire. Seuls quelques écrivains arrivent à inscrire dans nos esprits le mot « évasion » en écrivant le mot « prison » et sans pour autant mentionner l’idée même de libération. De même, la nécessité qui incombe un travail du dessin est entre autre d’aller au-delà de ces limites. Cela ne se fait pas aisément. Certains en cernant à l’aide d’un trait une figure arrive à donner l’illusion que la figure sort de ce carcan, d’autres avec trois petits traits réussissent à cerner une totalité de la figure, etc. Il s’agit pour le spectateur comme pour le dessinateur d’être un plongeur en apnée où, pendant cet instant de fabrication mentale, la communication verbale s’absente car inutile voire souvent nocive.